1 – Les
recherches historiques
Le travail de restauration a été organisé en plusieurs étapes, le
premier défi, et non des moindres, étant d’abord administratif.
Les ruines appartenaient aux nombreuses familles qui, dès la fin du
19ème siècle, commencèrent à abandonner le village pour le laisser
totalement vide (il restait quatre habitants en 1960 contre plus de
cent en 1900) dans le milieu du 20ème siècle. Il fallait donc retrouver
ces propriétaires impliqués dans le plan de restauration, les
contacter, et les convaincre de céder leurs ruines à l’Association. La
majeure partie des personnes concernées furent d’accord sur le projet à
la seule condition, bien naturelle, que les parcelles cédées à
l’association ne soient jamais revendues.
Cependant, pour une minorité qui refusa le projet, de longues actions
judiciaires très compliquées furent nécessaires, avant qu’un compromis
puisse être atteint entre l’association et les propriétaires de lots
litigieux. Quatorze années de défense du Patrimoine Historique de
St-Montan, devant les tribunaux d’Instance et de Grande Instance,
menées avec acharnement par le successeur de l’abbé Arnaud, le
président Marcel Armand. Cette longue procédure, s’est terminée par la
signature d’une convention (pour toutes les parcelles en litige) entre
la Direction des Domaines et l’Association des amis de Saint-Montan, et
un Protocole d’Accord avec la Municipalité de Saint-Montan.
En attendant la fin de cette bataille juridique, la restauration a
commencé sur les parcelles non litigieuses, et ceci uniquement avec des
volontaires, car c’était bien entendu la seule possibilité de
l’association. Le site n’étant pas classé, il ne fallait attendre
aucune subvention de l’état. Il fallait uniquement compter sur la bonne
volonté des bénévoles, et les premiers dons qui permirent d’acheter les
matériaux indispensables à la reconstruction.
Le but étant de reconstruire les ruines à l’identique, une préparation
soigneuse du site devait être effectuée. Une action tout d’abord
théorique qui consista à retrouver un maximum d’archives, et en
particulier des photographies des années 1900 montrant le village tel
qu’il était aux dernières années de sa splendeur. Ensuite, ou plutôt en
parallèle, un nettoyage du site suivant la technique des archéologues,
chaque matériau étant répertorié et analysé pour définir sa place
exacte dans la reconstruction.
2 – Le
nettoyage du site
Il fallut d’abord dégager les ruines de leur végétation, abattre les
arbres, couper les broussailles, trier les pierres et les stocker.
Sortir les remblais des maisons en ruines, les évacuer, transporter les
matériaux sélectionnés sur les lieux de travaux, tout ceci dans des
seaux à l’occasion d’immenses chaînes humaines, ou à dos d’homme, dans
des conditions rendues difficiles par des rues toujours en pente ou en
escaliers.
Ce premier travail de déblaiement a exigé des efforts énormes d’un
grand nombre d’ouvriers, dont la tâche difficile était entravée par le
manque de véhicules pouvant accéder au chantier. Jusqu’en 1998, les
centaines de mètre-cubes de remblai qu’il fallu évacuer, le furent dans
des seaux, au cours de chaînes humaines interminables qui serpentaient
dans les ruelles en cours de déblaiement. Le sable nécessaire au
mortier prenait le même chemin en sens inverse. Quant aux milliers de
sacs de chaux, c’est à dos d’homme qu’ils furent montés.
Cela demanda de plus en plus de participants chaque année (isolés ou en
groupes) attirés par la renaissance du village. C’est plus de 8000
personnes, toutes volontaires, qui jusqu’ici ont contribué au résultat
actuel.
L’aide fournie par les “scouts” de France et de Belgique, et par
plusieurs “Maisons de la Jeunesse et de la Culture” fût
particulièrement efficace, combinant le travail dans les ruines et les
loisirs (marche, escalade, découverte du site, etc.....).
C’est à partir de 1998 que la nouvelle municipalité mis à la
disposition des bénévoles, un employé municipal, et le petit engin de
chantier qui permet d’acheminer les matériaux jusqu’au pied de la
citadelle. Malheureusement les accès au château sont trop pentus pour
lui permettre d’évacuer directement les remblai. Le godet plein lui
donne une bonne assise à la montée… mais le ferait culbuter à la
descente… Il faut donc continuer à regrouper le remblai à la main dans
des zones plus accessibles. Mais le progrès est malgré tout appréciable
et ne fait que forcer un peu plus l’admiration des “pionniers”.
3 – La
restauration du site
Cette première étape de préparation franchie, nos volontaires
reconstituèrent chaque rue (elles avaient disparu sous un mètre de
remblai), chaque escalier, chaque passage, chaque maison tels que les
documents d’archives nous les montraient.
Les résultats de ce travail furent à la hauteur des efforts engagés et
de la persévérance de toute l’équipe des Amis de Saint-Montan, et en
particulier de leur président, monsieur Armand qui déploya un maximum
d’énergie pour faire avancer le dossier des parcelles litigieuses. Par
la suite il fera preuve de la même ténacité pour trouver auprès des
responsables départementaux et régionaux, les subventions
indispensables pour étendre le projet à la restauration du Château-Fort
appartenant à la commune.
C’est donc, trente trois ans après le premier coup de pioche, une
restauration à l’identique de la majorité du patrimoine de
l’association. Et ceci en total autofinancement.
En plus de retrouver une vie animée dans le village, l’association a
gagné un certain nombre de prix et de récompenses de la région et de
l’état. Depuis 10 ans, le site est ouvert tout au long de l’année
faisant intervenir, artisans locaux, volontaires, et pendant l’été,
scouts de France et de Belgique, et diverses organisations
internationales.
Le succès d’une telle aventure n’a pu être possible sans la
disponibilité et l’enthousiasme des membres de l’association.
Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’admirer le résultat obtenu. La
reconstruction n’est pas encore terminée, mais la tâche initiale a été
atteinte : redonner vie à un site d’exception, qui sans cette action
visionnaire ne serait plus qu’un champ de broussailles oublié de tous.
Monsieur Marcel Armand, président de l’association, nous rappelle
comment une telle action qui, au début, a semblé tournée vers le passé,
a été un pari sur l’avenir : « en soutenant la restauration de ces
ruines, j’ai le sentiment que je réalise quelque chose d’important. Ce
n’est pas seulement le grand plaisir de revoir le village de mon
enfance où mes racines vivent encore, c’est surtout une transmission
historique écrite dans les pierres. Avec les membres de l’association,
et les personnes volontaires qui ont rejoint notre aventure depuis 33
ans, nous avons décidé de donner ce message d’humanité pour le
communiquer aux générations à venir ».
Bravo encore à tous ceux qui ont contribué à cette restauration et à
une aussi belle réussite, et bon courage pour l’avenir.
Bibliographie
et documents d’archives : Textes,
citations et photographies :
– Monsieur Marcel Armand
– Monsieur Louis F. Cave |

Une
des salles du donjon.
Avant
restauration.

A la pioche ou
à
la main,
les bénévoles
dégagent les rues et les fondations.

Une "chaine"
de
jeunes scouts
évacue les remblais.

La "chaine"
des bénévoles fonctionne
en sens inverse pour monter le sable.

Des dizaines
de
poutres
furent montées,

Il faudra six
scouts pour
déplacer
et mettre en place ce coffrage.

Chaque pierre
de taille est
ajustée
avec précision.

Après la
réfection des soubassements
les échafaudages font leur apparition. |

La
même salle.
Aujourd'hui.

Les pierres
qui
serviront à
remonter
les murs sont triées, stokées.

Les remblais
regroupés au
bas du village
sont évacués par un petit engin motorisé.

Admirons le
courrage de ces
jeunes
bénévoles travaillant en pleine chaleur.

du bas du
village au sommet du château.

Le coffrage
mis en
place, les travaux
de maçonnerie commencent.

Après avoir
trié
les
pierres, évacué les
remblais, les bénévoles remontent les murs.

La
resrauration des remparts demande
des échafaudages de plus en plus hauts. |